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Mitrovica et Sarajevo : des milieux climatiques extrêmes

Mitrovica et Sarajevo :
des milieux climatiques extrêmes

 

Un climat continental rude

 

Les Balkans sont caractérisés par un climat continental extrême. Néanmoins, le long de la côte adriatique ou dans les montagnes, les conditions climatiques sont très différentes. Les villes de Sarajevo et de Mitrovica se trouvent au milieu de cuvettes, entourées de montagnes et de collines, ce qui explique l'absence de vents provenant de la mer (qui pourraient adoucir les caractéristiques du climat continental) : "par leur orientation, les montagnes limitent la pénétration des influences maritimes adoucissantes, mais favorisent la descente des coulées froides continentales" [1]. Elles sont, par conséquent, soumises à des hivers très rudes et des étés très chauds. L'amplitude thermique est d'autant plus forte dans ces deux villes qu'il n'existe pas réellement de demi-saison entre les grands froids de l'hiver (avec des températures de – 15° C à Mitrovica et à Sarajevo [2] aux mois de janvier et de février, des neiges régulières, de nombreux jours de gel…) et les fortes chaleurs de l'été (la température moyenne d'un mois d'août à Mitrovica et à Sarajevo est de 35° C), le passage de l'un à l'autre étant assez brusque. Par exemple, les automnes sont d'ordinaire ensoleillés, tels une prolongation des chaleurs estivales. Les pluies sont irrégulières, nombreuses et violentes pendant la saison chaude, dans l'ensemble ex-yougoslave, dans la mesure où elles résultent souvent de brusques orages et atteignent leur maximum pendant la saison estivale. En effet, les précipitations tombent plutôt en juin et en juillet (Jacques Ancel parle des "orages des étés brûlants, mais mouillés" [3] de l'espace ex-yougoslave) ; néanmoins, le total annuel des précipitations reste faible (avec une moyenne de 600 à 800 mm par an en Bosnie-Herzégovine). Par conséquent, les villes de Sarajevo et de Mitrovica sont soumises à des climats continentaux extrêmes. Les hivers sont très froids et enneigés : Sarajevo est alors "recouverte d'un épais manteau neigeux dès la fin novembre et jusqu'à mi-mars. On a mesuré jusqu'à 1 m 50 de neige en 2000 à Sarajevo qui n'est pourtant qu'à 550 m d'altitude" [4] (photographies n° 3 et 4) et des étés très chauds entrecoupés d'orages violents : "il faut se réfugier dans les hauteurs pour trouver un peu de fraîcheur. Les plaines et les plateaux connaissent des étés torrides et secs, les précipitations, rares, irrégulières, sous forme d'orages, apportent peu à l'agriculture" [5]. De plus, l'amplitude thermique entre les jours et les nuits est très marquée, quelle que soit la saison (en hiver, la température peut diminuer de 10°C la nuit, tandis qu'en été la baisse peut atteindre plus de 20°C).

 

 

 

Les conséquences sur la végétation

 

Ce climat favorise une végétation composée en grande partie de feuillus. Jacques Ancel parle de "la zone verte du Centre et du Nord" des Balkans, à l'opposé de la zone méditerranéenne [6]. La forêt est présente aux abords des villes ex-yougoslaves [7] : "dans le reste de la péninsule, à l'intérieur, la forêt prédomine" [8]. Son recul est important, l'homme la détruit non seulement pour l'extension des villes ex-yougoslaves, mais aussi pour des questions stratégiques "puisque les armées qui ont combattu la guérilla balkanique l'ont systématiquement incendiée." [9]. Néanmoins, la forêt reste très importante aux alentours des villes de Sarajevo et de Mitrovica, dans une partie de l'économie repose sur ce secteur. Plusieurs facteurs géographiques permettent aux pays ex-yougoslaves de se doter d'un patrimoine forestier abondant et diversifié, notamment autour des villes de Sarajevo et de Mitrovica : un relief assez mouvementé mais rarement infranchissable, un réseau hydrographique dense, une mosaïque de sols (granits, schistes, marnes, sédiments et terrains alluvionnaires autour du socle hercynien), et un climat continental. En effet, l'amplitude thermique favorise la croissance de nombreux plants. Les précipitations assurent, malgré leur irrégularité, à la terre une humidité suffisante. Par exemple, en Bosnie-Herzégovine, le taux de boisement moyen est de 53 %. Cet aspect conditionne non seulement la vie rurale, mais aussi l'économie urbaine et les moyens de chauffage. D'une part, le secteur forestier est une importante source de revenus pour les différents Etats issus de la décomposition de la Yougoslavie, dans la mesure où plus de 80 % en moyenne des forêts appartiennent aux Etats (du fait de l'héritage de l'économie titiste). D'autre part, une grande partie du bois scié permet de soutenir les moyens de chauffage électriques dans les villes ex-yougoslaves. Ainsi, toutes les maisons individuelles de Sarajevo et de Mitrovica possèdent un poêle dans la pièce commune qui permettent aux habitants de se chauffer au bois (même pendant les coupures d'électricité, la pièce principale est ainsi réchauffée et les aliments peuvent être cuits). Le climat a, donc, des conséquences sur la végétation, qui elle-même influe sur l'économie et les modes de vie dans les villes de Sarajevo et de Mitrovica.



[1] Prévélakis, Georges, 1994, Les Balkans, cultures et géopolitique, Nathan, Paris, p. 25.

[2] Les informations concernant les températures de Mitrovica ont été recueillies auprès de la population locale, en interrogeant différentes personnes, particulièrement des professeurs des différentes écoles visitées.

De même, les données concernant Sarajevo ont été recueillies auprès de la population et confirmées par la consultation de guides touristiques (Le Petit Futé, 2003, Bosnie, Country Guide, Nouvelles Editions de l'Université, Paris, p. 71).

[3] Ancel, Jacques, 1992, Peuples et nations des Balkans, 2ème édition, Paris, Armand Colin, 1ère édition 1930, p. 9.

[4] Le Petit Futé, 2003, Bosnie, Country Guide, Nouvelles Editions de l'Université, Paris, p. 71.

[5] Prévélakis, Georges, 1994, Les Balkans, cultures et géopolitique, Nathan, Paris, p. 25.

[6] Ancel, Jacques, 1992, Peuples et nations des Balkans, 2ème édition, Paris, Armand Colin, 1ère édition 1930, p. 9.

[7] Parlant de la traversée du tunnel et du mont Igman pour sortir de la ville de Sarajevo, Jovan Divjak évoque la forêt entourant la ville de Sarajevo : " les mélèzes et les sapins protégeaient un tant soit peu des tirs mais, à certains endroits, les artilleurs ennemis trouaient la forêt à cous d'obus pour mieux viser le passage." (Divjak, Jovan, 2004, Sarajevo, mon amour, Entretiens avec Florence La Bruyère, Buchet/Chastel, Paris, p. 171).

[8] Prévélakis, Georges, 1994, Les Balkans, cultures et géopolitique, Nathan, Paris, p. 27.

[9] Prévélakis, Georges, 1994, Les Balkans, cultures et géopolitique, Nathan, Paris, p. 27.


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