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L’effet de la topographie sur les conditions de vie des soldats

L’effet de la topographie
sur les conditions de vie des soldats

 

Les conséquences des particularités topographiques des villes de Mitrovica et de Sarajevo se font, principalement ressentir sur le facteur "fatigue". En effet, les hauteurs impliquent une dépense énergétique plus intense pour le militaire, qui s'épuise donc plus rapidement. L'exemple de la ville de Sarajevo démontre particulièrement cette analyse, dans la mesure où la topographie amène le militaire à devoir sans arrêt faire des efforts pour monter dans une rue. L'effet de la topographie est, ici, doublé de la contrainte urbanistique, puisque les rues construites sur les flancs des montagnes descendent toutes vers le centre-ville, avec assez peu de liaison entre elles : le militaire est, constamment, amené à monter et à descendre tout en restant dans le même quartier de la ville [1]. Cette fatigue joue sur l'efficacité des missions et sur le stress des unités. L'importance de cet aspect et la difficulté pour le stratège d'en évaluer l'impact réel a été bien montrée par Clausewitz dans sont traité sur la guerre : "parmi les nombreux aspects de la guerre qui ne sont pas mesurables, l'effort physique est l'un des premiers. A condition de ne pas être gaspillé, il est le coefficient de toutes nos forces, dont nul ne peut jauger exactement jusqu'où il peut être poussé" [2]. Les conditions d'engagement dans un conflit et les techniques ont fortement évolué depuis la période où Clausewitz écrivait de telles conclusions ; il n'en reste pas moins que l'engagement armé sollicite, tout particulièrement dans les villes ex-yougoslaves du fait de leurs hauteurs, l'effort physique des militaires, qui a lui-même une forte incidence sur le moral des troupes. C'est pourquoi, la topographie joue un rôle très important sur l'élaboration des missions. De plus, la présence de hauteurs dans une ville accentue le facteur "risque", dans la mesure où elle facilite la présence de snipers et d'embuscades. Ainsi, les militaires doivent être particulièrement attentifs dans leur mission à l'intérieur de Mitrovica et de Sarajevo, dans la mesure où la topographie les empêche d'avoir une vue d'ensemble sur le terrain urbain. C'est pourquoi, le problème du stress dans les unités est, en partie, conditionné par les caractéristiques topographiques, puisqu'elles agissent sur des facteurs influençant la force morale des unités. La fatigue due aux conditions topographiques particulières des villes ex-yougoslaves est un point important dans le déroulement des opérations : bien évidemment, le stress des militaires est lié à de nombreux autres facteurs, mais la fatigue reste un critère fondamental de détérioration du moral d'une unité, quelles que soient les conditions psychologiques individuelles des militaires au moment de leur arrivée dans les villes de Mitrovica et de Sarajevo. En effet, le sentiment individuel de compétence est remis en compte par les militaires face à leur condition physique et à leur entraînement. Il est, par conséquent, indispensable, pour les cadres militaires, de prendre en compte les caractéristiques topographiques des villes ex-yougoslaves, afin de répartir les missions des fantassins sur des espaces plus restreints que dans les reliefs plats, et de permettre un relais plus régulier des unités en patrouille, ainsi que des périodes de repos plus longues.

 

De plus, les effets de la topographie ont des conséquences sur la gestion de l'après-guerre. En effet, les montagnes de Sarajevo ont servi de lignes de front lors du conflit en Bosnie-Herzégovine : c'est pourquoi, la ville est entourée de mines qui ont été laissées après la signature des Accords de Dayton. Dans le cadre de la protection de la population urbaine, les équipes de déminage de l'Armée française doivent veiller à protéger ces zones à la périphérie de Sarajevo et à retirer les divers pièges explosifs. Or, la topographie pose une contrainte que le Génie doit prendre en compte : ainsi, les mines ont été placées sur les pentes abruptes entourant la ville de Sarajevo, et ont tendance à glisser avec le temps, notamment lors de la fonte des neiges qui les déplacent des quelques centimètres tous les ans vers le bas des reliefs. Alors, les zones de restriction de circulation doivent être très larges pour pallier à ce problème. C'est pourquoi, les caractéristiques topographiques conditionnent, sous plusieurs aspects, l'engagement des militaires dans les villes ex-yougoslaves.

 

 


[1] Par exemple, à Sarajevo, il est impossible de se rendre de l'Ambassade de Suisse à celle de Hongrie sans descendre vers le centre-ville, puis remonter, alors que les deux Ambassades se trouvent très proches l'une de l'autre, à la même altitude, au nord de la ville.
[2] Clausewitz, 1999, De la guerre, réédition, Editions Librairie Académique Perrin, s.l., 1ère édition 1832 , p. 80.

 


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