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Le nettoyage ethnique à Mitrovica

Le nettoyage ethnique à Mitrovica :
interprétation géographique d'un double déplacement forcé




Texte paru dans Le Bulletin de l'Association de Géographes français, décembre 2006, 83ème année, n°2006-4, pp. 433-447.
Texte issu d'une présentation faite devant l'Association de Géographes français en novembre 2005.
Le texte était également accompagné de deux cartes. Retrouvez la version intégrale sur 
http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00260049/fr/


Je tiens tout particilèrement à remercier M. Stéphane Rosière de m'avoir invité à cette séance consacrée à l'approche géographique du nettoyage ethnique. Pour de plus amples informations sur le sujet, voir ROSIERE, Stéphane, 2006, Le nettoyage ethnique. Terreur et peuplement, Ellipses, collection Carrefours Les Dossiers, Paris, 297 pages.

Retrouvez en bas de page un reportage vidéo sur les événements de mars 2004 et sur le renversement du nettoyage ethnique au Kosovo.

 


Résumé : La province du Kosovo aujourd'hui paraît très éloignée de l'idéal titiste Jedinstvo, Bratstvo ("Unité, Fraternité"), mais se présente comme le fruit d'un combat permanent entre deux populations pour le pouvoir. Le nettoyage ethnique, dont le but est de modifier de façon durable le peuplement d'un territoire-cible (Rosière, 2005), semble particulièrement inscrit dans l'espace de la ville de Mitrovica. Ainsi, l'espace réel de la ville offre un découpage en deux parties qui tendent vers l'homogénéité communautaire, tandis que l'espace vécu reflète les rancœurs entre les populations. La répartition des habitants dans la ville de Mitrovica relève même d'un processus double, dans le temps et dans l'espace : tout d'abord, le nettoyage ethnique "évident" des Albanais et des petites minorités par les Serbes (dénoncé par la communauté internationale, et enjeu du déclenchement de leur intervention militaire contre la Serbie), et, par la suite, le nettoyage ethnique "oublié" des Serbes et des petites minorités par les Albanais. La situation actuelle est le résultat d'un combat intercommunautaire pour un même territoire, d'une conquête et d'un rapport de forces. Ethnies, confessions, langues, économie… se mêlent au cœur d'un affrontement territorial violent, dans lequel le nettoyage ethnique est utilisé comme moyen violent pour parvenir à un contrôle spatial irréversible.

 

Mots-clés : Kosovo, Mitrovica, nettoyage ethnique, relations intercommunautaires, Albanais, Serbes, migrations volontaires et forcées.

 

 

 

Abstract : The province of Kosovo today appears very distant from Tito's ideal Jedinstvo, Bratstvo ("Unity, Fraternity"), but it's in reality the fruit of a constant combat between two populations, that fought for power and territorial control. The ethnic cleansing, of which the goal is to modify in a durable way the settlement a territory-target, seems particularly registered in the space of the town of Mitrovica. . That's why, the space real of the city offers a cutting in two parts which tighten towards the community homogeneity, while the space lived reflects rancours between the populations. Imaginary space is the result of the tensions between the populations. The distribution of the inhabitants in the town of Mitrovica raises even a twin process, in time and the space : the first ethnic cleansing is "obvious" (Serbs try to adjust the repartition of the population), and a second ethnic cleansing, that is not often denounced by the international community (Albanian try to displace Serbs and others minorities). Repartition of populations in Mitrovica today is the result of a violent fight between Serbs and Albanian for a territory, so that they may own all the control. Ethnics, religions, languages, economy… are mixed in the city of Mitrovica, really theatre of a territorial fight. The conflict of Kosovo is an example even a confrontation of the capacity to obtain a well defined territory, in which ethnic cleaning is used like average violent one to arrive to an irreversible space control.

 

Key words : Kosovo, Mitrovica, ethnic cleansing, communitarian relations, Albanian, Serbs, spontaneous and forced migrations.

 

 

 

Le nom de la ville de Mitrovica amène immédiatement à l'esprit des images de conflits interethniques entre les communautés serbe et albanaise du Kosovo. L'opinion publique est marquée par les souvenirs de la guerre de 1999, de l'opération "Force Alliée" lancée par l'OTAN, et de la volonté affichée de la communauté internationale de recréer – ou plutôt de créer – un Kosovo multiethnique où les diverses populations vivraient ensemble en paix. Pourtant, la géographie de la ville de Mitrovica reste mal connue. Toute petite ville à l'échelle de la planète, ses 82 264 habitants (ESI, 2004) semblent insignifiants à l'ère des villes multimillionnaires. Néanmoins, à l'échelle du Kosovo, petite province de 10 887 km² (soit un tiers de la Belgique), c'est une ville influente par sa superficie[1], sa population[2] et sa position géographique. Ainsi, la ville se situe en plein cœur de la vallée de l'Ibar, rivière rejointe par la Sitnica dans le centre-ville, c'est-à-dire qu'elle s'est développée au carrefour de deux des rares voies de communication naturelles dans la cuvette du Kosovo, bordée de montagnes.

 

                                                                                

 

I.       Le nettoyage ethnique dans les années 1990 : la conséquence humaine et spatiale de la politique du gouvernement Milosevic

 

  1. Un enjeu à plusieurs échelles 

1.      Former un territoire socioculturel uni : un projet inscrit dans l'histoire de la Serbie

Les rapports entre le pouvoir politique serbe installé à Belgrade et le Kosovo sont aujourd’hui présentés comme inscrits dans une violence ancestrale et un "match" dominant/dominé permanent. En témoigne la célèbre bataille de Kosovo Polje en 1389 qui vit la défaite serbe et la mise sous tutelle du Kosovo par l'Empire ottoman. Pendant des siècles, le pouvoir musulman a organisé la région balkanique, de manière à contrecarrer l'influence résistante des Serbes. S'en est suivie une islamisation accrue des populations albanaises (catholiques), qui ont ainsi accédé à une position sociale meilleure, excluant les Serbes (orthodoxes) des progrès économiques et de la hiérarchie du pouvoir. L'histoire est plus complexe que cette simple présentation – souvent évoquée par le nationalisme serbe érigeant sa population en martyr résistant à l'envahisseur ottoman. En effet, des Albanais ont combattu aux côtés du prince Lazare, tandis que des mercenaires serbes servaient le Sultan. Certains Serbes du Kosovo se sont, eux aussi, convertis à l'Islam, et se sont peu à peu fondus dans la population albanaise jusqu'à en faire partie intégrante (fait totalement occulté dans l’histoire officielle du gouvernement de Belgrade).

L'histoire du XXème siècle dans le petit territoire du Kosovo a été particulièrement mouvementée, et la guerre de 1999 illustre parfaitement l'apogée de la conquête violente du territoire par une ethnie en opposition à l'Autre. Le Kosovo s’est ainsi trouvé, du fait de sa position géographique, au cœur de nombreux combats qui ont déchiré les Balkans (Roux, 1999). De ce fait, à l’échelle du Kosovo, Albanais et Serbes se sont affrontés pour obtenir le pouvoir et réduire l'autre communauté au statut de "dominé". L'Empire ottoman, qui favorisait l'ascension sociale des Albanais au détriment des Serbes, s'est vu expulsé du Kosovo par la Serbie lors de la première guerre balkanique en 1912. Le Kosovo se retrouve alors partagé entre la Serbie et le Monténégro : la population albanaise, largement islamisée, perd son statut d'élite sociale de ce territoire, et devient le "dominé", à l'heure où naissent de puissants nationalismes dans les Balkans. Mais, ce pouvoir orthodoxe fut de courte durée, puisque de 1915 à 1918 le Kosovo se retrouva sous occupation austro-bulgare. La fin de la Première Guerre mondiale redessine les frontières dans les Balkans : se crée le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes en 1918 (rebaptisé Royaume de Yougoslavie en 1929). Le Kosovo est intégré à cette Yougoslavie monarchique. La Seconde Guerre mondiale provoque de nouvelles modifications du découpage territorial de la région balkanique, et la majeure partie du Kosovo est rattachée à la "Grande Albanie" soutenue par l'Italie fasciste. Le nationalisme albanais reprend le contrôle du territoire. En 1945, le Kosovo est intégré à la nouvelle Yougoslavie titiste en tant que territoire autonome faisant partie de la République de Serbie. Progressivement, la province obtient plus de pouvoirs (notamment par la Constitution fédérale de 1974), tout en restant sous le contrôle de Belgrade. La mort de Tito en 1980 entraîne de nombreuses manifestations au Kosovo, où les Albanais désirent échapper à la tutelle serbe et obtenir le statut de République. En 1989, Milosevic déclare l'état d'urgence et modifie la Constitution : le statut d'autonomie est supprimé, et le pouvoir serbe sur le Kosovo s'accroît dans la violence, jusqu'à l'intervention militaire de l'OTAN en 1999. La province, toujours officiellement sous l'autorité de Belgrade, est depuis transformée en protectorat international.


 

2.      Vider la province du Kosovo de la population albanaise

Ce projet politique, érigé par Milosevic et les nationalistes serbes comme priorité pour l'avenir de la Serbie, constitue une réactualisation d'une volonté ancienne d'homogénéisation ethnique du Kosovo par la violence. Les textes nationalistes, instituant tous les crimes possibles contre la population albanaise comme moyen nécessaire pour garder le contrôle du Kosovo, sont nombreux et reflètent l'importance du débat idéologique du XXème siècle à Belgrade et dans les milieux intellectuels serbes. De nombreux auteurs ont prôné la solution du nettoyage ethnique comme la capacité de créer irréversiblement une "grande Serbie serbe"  (Grmek, Gjidara et Simac, 1993). Milosevic n'a rien inventé : il a repris à son compte, et surtout concrétisé, les méthodes sanguinaires des nationalistes serbes de son siècle. Le nettoyage ethnique, expérimenté en Bosnie-Herzégovine, est en marche au Kosovo…


 

3.      La ville de Mitrovica, symbole du conflit intercommunautaire

La volonté de différenciation interethnique si accrue dans la ville de Mitrovica s'explique par… la géographie ! Mitrovica est la première grande ville à se situer à proximité de la limite administrative entre la Serbie centrale et le Kosovo, marquée par la séparation naturelle montagneuse. Simple division au cœur d'un Etat, ce tracé est devenu une frontière de fait depuis l'intervention de l'OTAN qui a transformé le Kosovo en protectorat international. Mitrovica est, pour les nationalismes serbe et albanais, un véritable enjeu : chacun désire fixer une frontière réelle (reconnue par la communauté internationale) au-delà de Mitrovica. Mais cet "au-delà" n'a pas la même signification pour les deux parties : les Serbes veulent conserver Mitrovica et l'ensemble du Kosovo dans le territoire de Serbie, dirigé par Belgrade, maintenant ainsi la frontière telle qu'elle existe actuellement, loin au sud de Mitrovica ; les Albanais, de leur côté, désirent la création d'une nouvelle frontière internationale au nord de Mitrovica, obtenant alors l'indépendance réelle du Kosovo.

De plus, la ville de Mitrovica est symboliquement divisée par une frontière vécue, qui suit le cours de la rivière Ibar. Progressivement, le regroupement volontaire par communauté s'est accru, de manière à créer deux villes de Mitrovica quasiment homogènes ethniquement : au nord vivent 13 402 Serbes sur 16 352 habitants (soit 82 %), tandis que Mitrovica sud est composée de 65 912 habitants, dont 65 012 Albanais (soit 98,5 %) en 2003. L'Ibar constitue une frontière dans le peuplement de la ville, séparant un nord où les Serbes sont majoritaires, d'un sud principalement albanais (Aben, 2003). Les chiffres mêmes de la population de Mitrovica reflètent la composition ethnique du Kosovo : 78 % d'Albanais (pour 80 à 85 % pour l'ensemble de la province, selon les estimations), 20 % de Serbes (pour 10 % pour le Kosovo tout entier) et quelques petites minorités. L'Ibar ne sépare pas seulement les habitations regroupées par ethnie, mais aussi l'organisation de l’économie (le nord de la ville est alimenté financièrement et électriquement par Belgrade ; tandis que le sud tire son électricité des centrales thermiques locales, insuffisantes pour tous les besoins), l'appartenance religieuse (un nord orthodoxe s'opposant à un sud musulman), l'organisation des services (le nord de la ville est, par exemple, desservi par la compagnie de bus serbe "Kosmet prevoz", le sud par la compagnie albanaise "Kosovatrans", aucune ne traversant la rivière Ibar, laissant le piéton occidental au bord du pont de Mitrovica), la monnaie (le nord paie en dinar, la monnaie officielle de Serbie-Monténégro ; tandis que le sud, passé au deutschemark dès les années 1990, utilise désormais l'euro), et même les plaques d'immatriculation ! (le sud utilise les plaques "KS" imposées par la communauté internationale ; tandis que les habitants du nord s'y refusent, maintenant illégalement les anciennes plaques yougoslaves ou roulant sans plaque, afin de pouvoir circuler librement en Serbie centrale sans être reconnus comme "Kosovars").

La division est telle qu'actuellement le seul réel exemple de coopération intercommunautaire se trouve dans les trafics criminels : de chaque côté de l'Ibar, les uns profitent des autres afin de maintenir l'instabilité et le chaos dans la ville de Mitrovica (et dans l'ensemble du Kosovo). Ainsi, Albanais et Serbes vivent côte à côte, mais pas ensemble. Le Kosovo multiethnique est une utopie occidentale. Longtemps, le Kosovo n’a pas eu d’existence en tant qu’entité : l’enjeu territorial moderne n’apparaît qu’au milieu du XIXe siècle, lorsque la Serbie en cours d’émancipation convoite le Kosovo et d’autres territoires, tandis que les Albanais revendiquent leur autonomie au sein de l’Empire ottoman. C’est à ce moment-là qu’apparaissent les tensions interethniques. Pour preuve, les mariages mixtes représentent seulement 1 % des unions (toujours dans le sens d'une femme serbe avec un homme albanais, dans le cadre d'une assimilation à la majorité). Même au temps de la paix, les Albanais et les Serbes de Mitrovica travaillaient majoritairement dans le complexe industrialo-minier de Trepca[3] dans des équipes souvent ethniquement homogènes serbes au nord et albanaises au sud de l'Ibar. Mitrovica est une ville multiethnique seulement au niveau de la composition de sa population, absolument pas dans sa culture et son mode de vie. Elle constitue plutôt deux villes distinctes : une Mitrovicë (nom albanais) au sud, et une Kosovska Mitrovica (nom serbe) au nord. Pourtant, tous partagent un quotidien très similaire : chômage et pauvreté sont un point commun très fort… qui accentue les rancœurs et les divisions !

 

 

  1. "Une géographie de la contrainte" 

1.      Le départ précipité de nombreux Albanais et de petites minorités : une nouvelle géographie des migrations

Dès les années 1980, mais surtout dans les années 1990, les manœuvres politiques de Milosevic ont permis la mise en place dans la province du Kosovo d'un nettoyage ethnique à l'encontre des tendances naturelles de peuplement. Les flux migratoires dans Mitrovica en sont la meilleure illustration. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la population albanaise du Kosovo connaît une croissance très rapide, due à un taux de natalité au-dessus de 30 ‰ jusqu'à aujourd'hui. Ce phénomène récent contraste avec le comportement démographique de la population serbe qui a tendance à s'occidentaliser, c'est-à-dire à avoir un taux de fécondité qui n'assure plus le renouvellement des générations. Les jeunes Albanais sont très nombreux, tandis que la population serbe vieillit. A Belgrade, les nationalistes serbes – Milosevic en tête – ont dénoncé cette "arme démographique" utilisée par les Albanais pour marginaliser quantitativement les Serbes dans la province du Kosovo. S'en est suivie une politique de nettoyage ethnique utilisant les violences physiques, les intimidations de toutes sortes, et les discriminations sociales et culturelles. Les écoles albanaises ont été fermées, les fonctionnaires albanais renvoyés, la langue albanaise interdite dans les institutions… Cette politique de la peur a créé de nombreux flux migratoires involontaires : le chômage et la peur ont amené les Albanais à se regrouper au sud de l'Ibar ou à quitter la ville de Mitrovica pour s'exiler dans les pays voisins (Monténégro et Albanie principalement) ou plus lointains (Allemagne, Suisse, Etats-Unis…). Les Serbes ont aussi cherché à se réunir au nord de l'Ibar, de peur de se retrouver en situation de minorité dans un contexte de tensions extrêmes. S'ajoutant aux flux migratoires "naturels" dus à l'exode rural, ces mouvements de population ont nettement amplifié la division interethnique de l'Ibar, de sorte que la rivière n'était franchie que par les habitants fuyant leur statut de minorité sur une rive.


 

2.      Une tentative d'inversion des tendances démographiques : implantations de militaires et de réfugiés serbes de l'ex-Yougoslavie

Milosevic a, également, lutté contre "l'arme démographique" albanaise par l'arrivée de population serbe à Mitrovica. Tandis que les Albanais fuyaient en masse la ville, il a implanté des militaires, des policiers et des fonctionnaires afin de pourvoir les postes laissés vacants par les Albanais qu'il a, par sa politique, effrayés ou renvoyés. Tous les emplois importants étaient ainsi sous le contrôle total de Belgrade. Même l'éducation échappait aux Albanais. De plus, Milosevic a fortement insisté sur l'implantation de "colons serbes" dans la province du Kosovo dans les années 1990, résolvant ainsi deux problèmes majeurs pour la Serbie : les guerres de Croatie et de Bosnie-Herzégovine ont suscité l'arrivée de nombreux Serbes vivant dans ces deux pays. Du fait des difficultés économiques dues à ces guerres longues et coûteuses, la Serbie centrale ne pouvait accueillir une telle masse de population sans travail. La solution était toute trouvée : des réfugiés serbes ont été installés au Kosovo, et tout particulièrement à Mitrovica, proche de la Serbie centrale, afin de renforcer numériquement la part de la population serbe dans la province. Cette logique participe directement de la politique de nettoyage ethnique menée par Milosevic au Kosovo, puisqu’elle accentue la ségrégation, la marginalisation des Albanais, leur sentiment de mal-être et leur peur.


 

3.      Une homogénéisation des populations dans la ville de Mitrovica

A plus grande échelle, l'analyse de la répartition ethnique et de ses évolutions dans les quartiers de Mitrovica montre que l'homogénéisation a été une conséquence dans le quotidien des habitants. En effet, le regroupement spatial des populations de Mitrovica par communauté ethnique s'est offert comme réponse au nettoyage ethnique. Les populations rurales, particulièrement radicales (puisque habituées à vivre dans les villages depuis longtemps homogènes ethniquement) se sont implantées dans la ville, les Serbes au nord de l'Ibar et les Albanais au sud, dans les maisons abandonnées par leurs propriétaires. Le quartier "Petite Bosnie", traditionnellement habité par toutes les communautés (d'où son nom rappelant la mosaïque de peuplement de la Bosnie-Herzégovine d’avant-guerre), situé sur la rive nord de la rivière Ibar, s'est vidé de sa population serbe, de manière à devenir le refuge des Albanais restés dans le nord de la ville de Mitrovica, et de toutes les petites minorités, à l'exception des Roms (ceux-ci ont toujours été rejetés dans un quartier insalubre au sud-ouest de l'Ibar, où ils vivaient en autarcie complète). Par cette logique de ségrégation spatiale (Braem, 2004), l'homogénéisation des quartiers résidentiels s'est faite jusqu'à l'échelle la plus grande : par exemple, on trouve trois tours identiques sur la rive nord de l'Ibar, à l'ouest du pont principal. Celles-ci regroupaient, dans des appartements quasi similaires, aussi bien des Serbes, que des Albanais et des petites minorités, qui étaient ainsi voisins de palier. La politique de Milosevic a provoqué le regroupement des Albanais dans les tours ouest et centrale, et des Serbes dans la tour est. Par conséquent, toutes les échelles ont été touchées par la "géographie de la peur" croissante de l'Autre de la volonté de nettoyage ethnique au Kosovo. La politique entreprise par le gouvernement de Belgrade a abouti à transformer la répartition spatiale des populations de Mitrovica, de sorte que, à la fin des années 1990, la ville s'approche de plus en plus du "schéma" d'une division ethnique entre deux aires de peuplement très distinctes.

 

 

Conclusion : une nouvelle géographie pour la ville de Mitrovica

Les tensions se sont cristallisées au niveau de l'Ibar. Les Albanais ont organisé leur nationalisme en mouvement armé, particulièrement actif à Mitrovica, dernière "ville-refuge" pour les Serbes du Kosovo, répondant ainsi à la logique de violence du nettoyage ethnique entrepris par Milosevic. Du côté serbe, cette idéologie albanaise n'est qu'un régionalisme qu'il faut contrer irréversiblement, dans la violence. Le cours de l'Ibar s'est transformé en front pour des groupes militaires, policiers et paramilitaires. Mitrovica s'est retrouvée divisée par une frontière vécue et disputée. On peut, dès lors, parler de frontière réelle : l’Ibar sépare deux ensembles ayant des caractéristiques propres, culturelles, institutionnelles, économiques, sociales et géopolitiques. L'OTAN, dont le but avoué était de stopper la violence des groupes armés cherchant l'homogénéisation du Kosovo, est intervenue au moment où la rivière est devenue, paradoxalement, une frontière au cœur d'un nœud de communication naturel.

 

 

 

II.    Un renversement du processus de nettoyage ethnique

 

  1. Un bouleversement politique aux conséquences géographiques 

1.      Le soutien de la communauté internationale aux populations albanaises

L'intervention militaire de l'OTAN a renversé le rapport dominant/dominé en faveur des Albanais du Kosovo, qui ont ainsi bénéficié de la sympathie de l'opinion publique internationale. Tandis que les Serbes étaient dénoncés comme étant les responsables d'une politique violente à l'encontre des populations albanaises (l'amalgame entre d'une part le pouvoir politique à Belgrade et ses moyens militaires et policiers, et d'autre part la population civile serbe vivant au Kosovo étant rapidement fait), les Albanais bénéficiaient du processus de victimisation, les montrant comme une population sans défense subissant les atrocités du régime de Milosevic. S'il est incontestablement vrai que le pouvoir de Belgrade désirait créer, dans la violence, un Kosovo irréversiblement serbe, il ne faut pas oublier que la réponse de l'UCK, soutenue au fur et à mesure du conflit par une part croissante de la population albanaise, s'est faite par des méthodes comparables dans les moyens utilisés. La population civile serbe a, elle aussi, subi les conséquences de la guérilla armée déployée par les deux parties en conflit dans la province. Néanmoins, tout le soutien de la communauté internationale a été attribué aux Albanais du Kosovo, victimes de la politique offensive de Milosevic. Ce phénomène est dû à la surmédiatisation du portrait "maléfique" de Milosevic, des atrocités découvertes, aux souvenirs des guerres de Croatie et Bosnie-Herzégovine, au rôle de la diaspora albanaise (bien implantée en Europe occidentale et aux Etats-Unis), et surtout à l'incompréhension de l'opinion publique internationale face à la politique de nettoyage ethnique et au soutien inconditionnel d'une part de la population serbe pour son leader. Pourtant, il est essentiel de rappeler l'oubli total de la situation des petites minorités de Mitrovica (et de l'ensemble du Kosovo) dans le débat et, en partie, dans l'action de la communauté internationale. Elles ont, elles aussi, subi la logique de nettoyage ethnique lancée par le pouvoir de Belgrade (bien que les médias aient peu évoqué leur sort).


 

2.      Le déploiement tardif des troupes terrestres de l'OTAN

La communauté internationale a largement oublié la part de la vengeance et du retournement des atrocités contre le "bourreau" d'hier, dans le conflit du Kosovo, s'appuyant sur la pacification de la Bosnie-Herzégovine comme modèle pour les conflits ex-yougoslaves. Négociant principalement avec le modéré Ibrahim Rugova (célèbre pour son appel permanent et inébranlable à la non-violence), c'était sans compter sur l'influence politique grandissante de l'UCK, groupe armé des Albanais du Kosovo. Pourtant, la géographie des armes en tout genre est éloquente : chaque maison de Mitrovica (et même du Kosovo), de part et d'autre de l'Ibar, possède au moins une arme. La population civile a acquis un arsenal impressionnant, renforcé depuis les années 1980, et un nombre de munitions permettant des années de conflit sans interruption. La province du Kosovo est devenue une plaque tournante pour les trafics d'armes, une partie restant dans les villes et les campagnes, alimentant le chaos.

De plus, la communauté internationale, qui a obtenu le retrait immédiat des forces militaires et policières serbes du Kosovo, n'a pas déployé instantanément les troupes terrestres pour assurer la sécurité des populations quelle que soit leur ethnie. Il s'agit d'un manque de renseignements de la situation : le danger dans ce conflit ne concernait pas seulement les Albanais, mais toutes les populations civiles. Ainsi, le déploiement tardif de l'OTAN a laissé le "champ libre" aux groupes paramilitaires albanais animés par le principe de vengeance édicté dans le Kanun, le code de l'honneur albanais. Tandis que les retours de réfugiés albanais étaient encouragés (avant même la stabilisation de la situation), la sécurité de la population serbe et des petites minorités ne faisait pas débat. Cette erreur d'interprétation sur le conflit et cette mauvaise connaissance de la culture de l'ensemble des populations du Kosovo ont permis la mise en place du renversement total du processus de nettoyage ethnique.

 

3.      La mise en place d'un nettoyage ethnique inversé

L'intervention de la communauté internationale a eu des conséquences directes sur la géographie de la population de Mitrovica. Tout d'abord, de nouveaux flux migratoires se sont immédiatement mis en place : parallèlement à la poursuite du processus de regroupement communautaire par quartiers, la ville a été transformée par l'arrivée massive de réfugiés albanais et le départ continu de Serbes. Ce phénomène a été amoindri par l'arrivée de déplacés serbes, qui migraient du sud du Kosovo (aire de peuplement où ils sont nettement minoritaires) pour occuper les maisons abandonnées, afin de s'assurer de leur sécurité dans une zone où ils demeurent majoritaires. Néanmoins, la tendance générale montre à la fois une baisse de la part de la population serbe dans la ville, et un vieillissement important de cette communauté (le départ des jeunes pour la Serbie et le Monténégro étant souvent compensé par l'arrivée de populations âgées qui ne préfèrent pas la voie de l'exode, du fait de leur âge et de leur santé).

Parallèlement, de nombreux Albanais, qui vivaient depuis 1998 dans des camps de réfugiés à l'extérieur du Kosovo, sont revenus ou simplement venus s'installer à Mitrovica. Ainsi, beaucoup de ruraux ne sont pas rentrés dans leur village, où les conditions de vie, déjà très difficiles avant le conflit, sont devenues déplorables. La ville leur offre l'espoir d'un avenir meilleur, et Mitrovica s'est vue repeuplée d'une population nouvelle, souvent jeune, complètement non habituée à la coopération interethnique qui existait auparavant dans le complexe industrialo-minier de Trepča. La réconciliation de la ville paraît fortement compliquée par la présence de ces jeunes radicaux, issus de villages monoethniques. En outre, le conflit terminé, les divisions intracommunautaires se font de plus en plus sentir. La solidarité contre les Serbes n'a plus la même intensité, et les divergences entre les idéologies se radicalisent : les urbains souvent modérés se heurtent à l'extrémisme des nouveaux arrivants, majoritairement partisans de la poursuite de représailles violentes. Ces divisions se cristallisent dans le problème du logement : la possession de maisons inoccupées pendant le conflit devient un défi majeur pour l'entente de la communauté albanaise, au fur et à mesure du retour des réfugiés. Mitrovica devient le théâtre d'affrontements à la fois interethniques et intraethniques, éloignant fortement la ville de la réconciliation voulue par la communauté internationale. En effet, le seul "moyen" pour concilier les divers mouvements albanais est de les regrouper autour d'un objectif commun : obtenir un Kosovo purement albanais…


 

 

  1. Aujourd'hui : un nettoyage ethnique passif? 

1.      La réappropriation du milieu urbain par les Albanais

Les tendances démographiques naturelles ont été fortement amplifiées avec la fin du conflit, et la proportion des Serbes à Mitrovica a chuté. Ils se sont retrouvés marginalisés dans la ville, et plus encore à l'échelle du Kosovo. Bien que le taux de natalité des Albanais soit bien moins important qu'avant la guerre, leur poussée démographique reste très forte, et contraste fortement avec le non-renouvellement des générations serbes. Au-delà des conséquences "naturelles" du conflit et des flux migratoires qu'il a entraînés, les Albanais ont, par leurs actions, accentué le processus de marginalisation des Serbes à Mitrovica, qui semble devenir le symbole inavoué d'une volonté d' "albanisation" du Kosovo. Ainsi, la géographie de la population de la ville s'est transformée du fait de la réappropriation de certains quartiers au nord de l'Ibar, par les Albanais. La place des bâtiments religieux est fondamentale dans cette logique de réimplantation. Tandis qu'une "poignée" de Serbes demeurent au sud de l'Ibar pour protéger une église orthodoxe dans un climat de violences et d'insécurité extrême, les Albanais, surtout depuis 2001, se sont installés dans le nord de Mitrovica, principalement autour des cimetières musulmans. En effet, la carte des bâtiments religieux de la ville ne correspond pas à la répartition spatiale des communautés confessionnelles. L'histoire est le principal facteur explicatif de ce phénomène : les flux migratoires du Kosovo ont modifié la répartition des populations, tandis que les sites religieux reflètent une ancienne inscription spatiale des communautés sur le territoire. L'importance de ces bâtiments s'est renouvelée dans le cœur des habitants de Mitrovica, du fait des profondes rancœurs issues des tensions interethniques. L'espace vécu des populations s'est modifié de manière à provoquer un renouveau religieux dans la ville, tout comme dans l'ensemble du Kosovo. Les Albanais ont construit de nombreuses mosquées au sud de la ville (grâce au financement de pays et d'ONG islamiques), et se sont appropriés des quartiers entiers dans l'extrême nord de Mitrovica. Par ces symboles, ils ont assis territorialement leur position nouvelle de "dominant".

 

2.      Un nettoyage ethnique continu des petites minorités

Grandes "oubliées du conflit, les petites minorités se sont retrouvées au cœur du nettoyage ethnique, mis en place autant par les Serbes que par les Albanais. Néanmoins, leur sort est diversifié, et dépend de la perception de chacune de ces communautés par les deux ethnies majoritaires. En effet, dans la ville de Mitrovica, on peut distinguer deux types globaux de petites minorités, en fonction du sort que les Serbes, puis les Albanais leur ont réservé. D'une part, on trouve les Roms totalement exclus de la dynamique de la ville depuis longtemps ; d'autre part, les petites minorités vivant dans des quartiers au cœur de Mitrovica (principalement "Petite Bosnie"). Ces dernières regroupent quelques Bosniaques[4], Goranci[5], Croates, Ashkalis[6]… Ces communautés ont vécu dans la répression, ont souvent perdu leur emploi, mais sont néanmoins restées présentes dans la ville. "Petite Bosnie" est un quartier insalubre, mais offre l'avantage incontestable de se situer à proximité du pont de Mitrovica, et ainsi des deux cœurs économiques de la ville, l'un serbe au nord, l'autre albanais au sud de l'Ibar. Bien que ces populations soient encore plus touchées par le chômage que l'ensemble des habitants de Mitrovica[7] et ne puissent trouver de réelle alternative dans le marché noir et l'économie parallèle (principalement organisés pour faire profiter la communauté ethnique, serbe au nord et albanaise au sud, comme moyen de défense "sociale" contre l'Autre), elles peuvent commercer et acheter leurs denrées, ce qui leur laisse la possibilité de survivre dans la ville. Le sort des Roms[8] est bien plus dramatique : alternativement accusés d'être pro-albanais par les Serbes, puis pro-serbes par les Albanais, ils ont subi les deux mouvements de nettoyage ethnique. Avant le conflit, ils vivaient dans un quartier au sud-ouest de l'Ibar, complètement insalubre et exclu de la vie de Mitrovica (seuls quelques chemins boueux les reliaient au centre-ville albanais). Dénoncés pour leur légendaire opportunisme, ils ont d'abord enduré les représailles des Serbes (pour leur appartenance confessionnelle), puis la violence extrême des Albanais (dans une logique de vengeance). Ces derniers ont totalement détruit leur quartier, récupérant les pierres des maisons pour reconstruire (et parfois même construire) leurs propres habitations, et les forçant à l'exil dans un minuscule camp de réfugiés au nord-est de la ville. Aujourd'hui, la marginalisation des Roms de Mitrovica est totale et a été accentuée par la réapparition de maladies les condamnant à l'enfermement et la mort dans leur camp. Le nettoyage ethnique de cette population, pourtant peu médiatisé, semble avoir été accompli dans la ville de Mitrovica.

 

 

Conclusion : Mitrovica, un véritable enjeu dans les débats sur le futur statut du Kosovo

Mitrovica est une ville située au cœur de la ligne séparant les aires de peuplement serbe et albanais. Dernière ville multiethnique du Kosovo, elle symbolise les combats idéologiques actuels. Les Serbes, minoritaires dans les autres villes importantes de la province, en ont fait leur ville-bastion. Les Albanais y voient aussi l'emblème de leur majorité numérique dans la province. Actuellement, il n'existe pas d'identité kosovare regroupant l'ensemble des habitants. Le défi pour la communauté internationale est de déterminer quelle communauté ethnique s'appropriera la province, en vue du choix du statut : l’ONU doit accepter la réalité du terrain selon laquelle chacun se définit par rejet de l'Autre. La construction identitaire des communautés est assise sur la division entre les aires de peuplement albanaise et serbe, jamais sur le territoire du Kosovo dans sa diversité ethnique. L'appropriation mentale du sol kosovar (qui découlera du statut : indépendance ou région autonome dans le cadre de la Serbie) est envisagée par tous comme la victoire territoriale d’une des communautés à l'issue des négociations : le Kosovo deviendra un territoire albanais ou serbe, mais ne sera jamais identifié, tant par ses habitants que par l'ensemble des Balkans, comme un territoire kosovar. Mitrovica sera-t-elle définitivement une Mitrovicë albanaise ou une Kosovska Mitrovica serbe ? L'espoir d'une ville multiethnique paraît illusoire…

 

 

Bibliographie indicative

·         Aben, Jacques, 2003, "Une géographie politique de Mitrovitsa", Défense nationale, n°2, février 2003, Paris, pp. 99-109.

·         Braem, Yann, 2004, "Mitrovica/Mitrovicë, Géopolitique urbaine et présence internationale", Balkanologie, Volume VIII, numéro 1, juin 2004, pp. 73-104.

·         Dérens, Jean-Arnault et Catherine Samary, 2000, Les conflits yougoslaves de A à Z, Les éditions de l'atelier, Paris.

·         ESI (European Stability Initiative), 2004, People or territory ? A proposal for Mitrovica, 16 février 2004.

·         Grmek, Mirko, Marc Gjidara et Neven Simac, 1993, Le nettoyage ethnique, Documents historiques sur une idéologie serbe, rassemblés, traduits et commentés, Fayard, Paris.

·         Jaka, Ymer, 2000, "La guerre et les nettoyages ethniques au Kosovo", dans Lepage, Dominique et Muhamedin Kullashi (sous la direction de), 2002, Ex-Yougoslavie : une Europe du sud-est en construction, L'Harmattan, Paris, pp. 61-72.

·         Rosière, Stéphane, mars 2005, "Nettoyage ethnique, violences politiques et peuplement", Revue géographique de l'Est, tome XLV, n°1, pp. 5-12.

·         Roux, Michel, 1992, Les Albanais en Yougoslavie, Minorité nationale, territoire et développement, éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, Paris, 546 pages.

·         Roux, Michel, 1999, Le Kosovo, dix clés pour comprendre, édition La Découverte, Paris.

·         Roux, Michel, mars 2005, "Le Kosovo en voie d'homogénéisation : quelle est la part du «nettoyage ethnique» ?", Revue géographique de l'Est, tome XLV, n°1, pp. 23-33.

 

[1] s'étalant de 4,25 km du nord au sud, et sur 3,75 km d'ouest en est.

[2] le Kosovo, territoire où la population est majoritairement rurale, compte au total environ 2 millions d'habitants.

[3] fermé par la communauté internationale du fait de son excessive pollution de l'air et des cours d'eau.

[4] Aussi appelés Musulmans (avec une majuscule, pour distinguer de l’expression indiquant l’appartenance religieuse), terme qui désignait en tant que nation tous les musulmans slavophones dans la terminologie officielle de l’ex-Yougoslavie, y compris les Goranci (voir note , dans les recensements de 1981 et 1991.

[5] Les Goranci (francisés en Goranes dans certains textes) sont des Slaves islamisés. Ils se trouvent principalement dans les montagnes du Kosovo, mais aussi à Mitrovica.

[6] Les Ashkalis sont des Tziganes (ou Roms) albanophones très peu nombreux à Mitrovica, regroupés dans un petit quartier de Mitrovica sud.

[7] on peut évaluer à 80 % le nombre d'inactifs ou de personnes travaillant mais ne touchant pas un salaire constant.

[8] Plus communément appelés en France Tsiganes, "en tant que peuple transnational et transfrontalier, ils figurent parmi les principales victimes des guerres qui se sont succédées depuis dix ans, d'autant plus qu'ils subissent un racisme à peu près communément partagé, par tous les peuples yougoslaves et sous bien d'autres cieux…" (Dérens et Samary, 2000).




POUR CITER CE TEXTE :

TRATNJEK, Bénédicte, 2006, "Le nettoyage ethnique à Mitrovica : interprétation géographique d'un double mouvement forcé", dans Le Bulletin de l'Association de Géographes français, 83ème année, n°2006-4, pp. 433-447.

 

 

 

 

 

 

Kosovo : les églises brûlent (mars 2004)


Kosovo. Les églises brûlent

 

 
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