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L'arrestation de Karadzic : des documents pour comprendre



 L'arrestation de Karadzic :
des documents pour comprendre

 


Radovan Karadzic a été arrêté le soir du 21 juillet 2008, après près de 13 années de cavale. Inculpé par le Tribunal pénal international pour crimes de guerre et génocide, Karadzic vivait à Belgrade, sous une fausse identité. Méconnaissable, sous le nom de Dragan Dabic, il avait même développé un site Internet où il se présentait comme un psychiatre, spécialisé en médecine alternative, amoureux des forêts et des montagnes.

Retrouvez également une bande dessinée mettant en scène Joe Sacco, journaliste et dessinateur, à la recherche d'une interview avec Karadzic quelques jours avant son inculpation pour crimes de guerre et génocide à la page "
Bande dessinée sur la Bosnie-Herzégovine". Retrouvez également toutes les émissions de RTL sur l'arrestation de Karadzic (commentaires de journalistes, enjeux, interview de Jovan Divjak...).

 

 

 

L'arrestation de Karadzic

La fin de la cavale de Radovan Karadzic
Méconnaissable, Karadzic vivait sous une fausse identité
La fausse identité de Karadzic (photographies)
Heure par heure : l'arrestation de Karadzic
Arrestation de Radovan Karadzic

 

Portrait de Karadzic

Portrait de Karadzic
L'inculpation de Karadzic pour crimes de guerre et génocide (vidéo)
La démission de Karadzic (vidéo)
Cavale de Karadzic et traque de l'OTAN (vidéo)
Acte d'inculpation de Karadzic (extraits)
Karadzic vu par Jovan Divjak

 

Après l'arrestation : les enjeux

L'arrestation de Radovan Karadzic : la joie de Sarajevo irrite les Serbes de Bosnie
Scène de joie à Sarajevo (vidéo en anglais)
Joie des uns, peine des autres (photographies)
Manifestations de soutien de Serbes de Bosnie
Arrestation de Karadzic : la grande habilité serbe

 

 

La fin de la cavale de Radovan Karadzic

"La Serbie a enfin mis la main sur Radovan Karadzic, l'un des hommes les plus recherchés par la justice internationale. L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie a été arrêté lundi par les services secrets serbes, au terme d'une traque de 13 ans. Après l'annonce de la nouvelle, une cinquantaine d'ultranationalistes, appartenant au mouvement Obraz, se sont rassemblés devant le bâtiment du tribunal pour protester contre son interpellation avant d'être dispersés par la police anti-émeute.

Radovan Karadzic a défié le Tribunal pénal international (TPI) depuis son inculpation en 1995 pour génocide et crimes de guerre pendant le conflit en Bosnie qui a duré de 1992 à 1995. Il était réclamé par la justice internationale en particulier pour avoir été, avec le général Ratko Mladic, ex-chef militaire des Serbes de Bosnie, l'instigateur du génocide de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, où près de 8.000 hommes musulmans ont été éliminés en juillet 1995, lors du pire massacre commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Il était également poursuivi pour son rôle dans le siège de Sarajevo qui a duré 43 mois et pendant lequel quelque 10.000 civils ont été tués. Grand, la chevelure grisonnante toujours en bataille, le front barré d'une mèche indomptable, il n'avait plus été vu en public depuis sa fuite en 1996. Considéré comme un monstre par les Croates et les musulmans de Bosnie, il est toujours considéré par de nombreux Serbes comme un héros.

Fin de l'audition préliminaire

Mardi matin, un juge d'instruction a mis un terme à son audition préliminaire. "L'interrogatoire est terminé", a déclaré le juge d'instruction Milan Dilparic, refusant de révéler de plus amples détails sur l'interrogatoire, qualifié de "confidentiel". Selon Svetozar Vujakic, l'avocat de Radovan Karadzic, cité par Beta news , l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie aurait déclaré durant l'entretien "avoir été arrêté vendredi dans un bus" à Belgrade et avoir été depuis "détenu dans une cellule". Un communiqué de la présidence serbe avait annoncé en revanche qu'il avait été "localisé et arrêté dans la soirée" de lundi. D'autre part, Radovan Karadzic, qui aurait qualifié la situation de "farce", aurait en outre utilisé son "droit à rester silencieux durant l'interrogatoire", a rapporté Svetozar Vujakic.

Cette audition marque le premier pas vers son extradition au Tribunal pénal international (TPI) de la Haye. Le magistrat doit ensuite, dans un délai de trois jours, décider si l'inculpé remplit ou non les conditions pour être transféré au tribunal de La Haye. Karadzic peut, dans un délai de trois jours, déposer un recours contre cette décision. Puis, un panel de juges du tribunal pour les crimes de guerre à Belgrade a, à son tour, trois jours pour se prononcer sur une telle requête. L'inculpé n'a ensuite aucun nouveau recours à sa disposition et le ministère de la Justice peut alors prendre la décision de transférer ce dernier au TPI.

Vers l'adhesion de la Serbie à l'UE

Pour la Serbie, cette fin de cavale ouvre un peu plus la porte de l'Union européenne (UE). En effet, les arrestations de Karadzic et Mladic, de même que celle d'un troisième fugitif, Goran Hadzic, ancien leader des Serbes de Croatie, sont la condition pour que la Serbie puisse intégrer l'UE. L'interpellation de Karadzic, dont la cavale a valu à la Serbie de fortes pressions de la communauté internationale, est intervenue à peine dix jours après la formation à Belgrade d'un gouvernement. Ce dernier, qui réunit les pro-européens du président Tadic et les socialistes du défunt Slobodan Milosevic, a justement fait du rapprochement avec Bruxelles son principal objectif.


La présidence française de l'UE a souligné que cette nouvelle constituait une "étape importante" de la Serbie sur la voie de l'adhésion à l'Europe des 27. "Cette arrestation, longtemps attendue, manifeste clairement la volonté du nouveau gouvernement de Belgrade de rapprocher la Serbie de l'Union européenne, en contribuant à la paix et à la stabilité des Balkans", a estimé le président français Nicolas Sarkozy dans un communiqué. De son côté, la Maison-Blanche a félicité le gouvernement de Serbie, estimant que cette arrestation rendait "hommage" aux victimes des atrocités dans ce pays.


Le procureur du TPI Serge Brammertz, qui a reporté une visite qu'il devait effectuer mardi à Belgrade, s'est également félicité de l'arrestation de Karadzic. "J'aimerais féliciter les autorités serbes (...) pour être parvenus à ce succès marquant en coopération avec le TPI", a-t-il dit, en ajoutant : "C'est un jour très important pour les victimes qui ont attendu cette arrestation plus de dix ans." "Justice a finalement été faite", a déclaré pour sa part à Sarajevo, une responsable de l'association des "Mères de Srebrenica". L'arrestation de Radovan Karadzic fait suite à celle du Serbe de Bosnie Stojan Zupljanin en juin 2008."

La fin de cavale de Radovan Karadzic

Radovan Karadzic était traqué par la justice internationale en particulier pour avoir été l'instigateur du génocide de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, où près de 8.000 hommes musulmans ont été éliminés en juillet 1995 © SAVA RADOVANOVIC / AP / SIPA.

Source :
Ségolène de Larquier, Le Point, 22 juillet 2008.
 

 

 

 

Méconnaissable, Karadzic vivait sous une fausse identité

"Radovan Karadzic, ex-chef politique des Serbes de Bosnie arrêté lundi soir à Belgrade vivait, méconnaissable, sous une fausse identité. Il sera transféré au Tribunal pénal international (TPI) à l'issue de la procédure légale, ont indiqué mardi des responsables serbes.

L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Karadzic utilisait une fausse identité et vivait dernièrement dans la capitale serbe, a déclaré le procureur pour les crimes de guerre Vladimir Vukcevic.

«Karadzic possédait de faux documents au nom de Dragan Dabic et s'est avéré très habile pour dissimuler sa véritable identité», a-t-il dit.

«Il gagnait sa vie en s'occupant de médecine alternative et travaillait dans une clinique privée. Sa dernière adresse était à Novi Beograd», quartier moderne de Belgrade, a-t-il précisé.

Selon le procureur, Karadzic se déplaçait librement dans la capitale serbe, apparaissait dans des endroits publics, et avait réussi à duper ses employeurs ainsi que les propriétaires des différents appartements qu'il avait loués.

Le procureur a précisé que l'arrestation de Karadzic s'était déroulée «sans aucun problème et avec un minimum de risque».

«Le juge d'instruction a, à ma connaissance, déjà pris une décision (...). Les conditions pour son transfert sont réunies», en accord avec la loi serbe sur la coopération avec le TPI de La Haye, a indiqué M. Vukcevic.

Rasim Ljajic, ministre chargé de la coopération avec le TPI, a montré à la presse une photographie de Karadzic sur laquelle il est méconnaissable, étonnamment mince, portant une longue barbe blanche et de longs cheveux blancs tombant sur ses épaules.

Karadzic a été arrêté «alors qu'il se rendait d'une localité (où il se cachait) à l'autre», a précisé M. Ljajic.

L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie a été entendu par un juge d'instruction lors d'une audition préliminaire dans la nuit de lundi à mardi, première étape en vue de son extradition vers La Haye.

«Son identité a été déterminée et l'acte d'accusation lui a été remis», a déclaré le procureur Vukcevic en ajoutant que Karadzic avait, la plupart du temps, usé «de son droit à ne pas faire déclaration».

Selon le droit serbe, l'audition préliminaire est le premier pas dans la procédure menant à l'extradition du suspect vers le TPI.

Le magistrat doit ensuite, dans un délai de trois jours, décider si l'inculpé remplit ou non les conditions pour être transféré au tribunal de La Haye. Karadzic peut, dans un délai de trois jours, déposer un recours contre cette décision.

Un panel de juges du tribunal pour les crimes de guerre à Belgrade a, à son tour, trois jours pour se prononcer sur une telle requête.

L'inculpé n'a ensuite aucun nouveau recours à sa disposition et le ministère de la Justice peut alors prendre la décision de le transférer au TPI."

Source : Agence Presse France (AFP),  publié sur le site "Le mouvement pour la paix Spécial Balkans" (voir LIENS), 22 juillet 2008.

 

 

 

La fausse identité de Karadzic

Radovan Karadzic : photographie publiée par la BBC
au moment de son inculpation par le TPIY en 1996.


 



Avril 2008 : quelques mois avant l'arrestation de Karadzic, les photographies
de ce dernier et de Mladic sont toujours "plaquardées".
L'enjeu : une très forte récompense, et également un passage obligé
pour la Serbie vers l'intégration dans l'Union européenne. (source : RFI)

 



Dragan Dabic : sous ce faux nom, Karadzic, complètement méconnaissable,
exerce sa profession de psychiatre et promeut ses services sur un site Internet
où il affiche ostensiblement la photographie de son nouveau visage.
(source : site Internet de Karadzic, alias Dragan Dabic).

 

 

 

Heure par heure : l'arrestation de Karadzic

"Voici heure par heure les évènements survenus depuis l'arrestation du chef politique des serbes en Bosnie, inculpé en 1995 de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité, Radovan Karadzic :

MARDI 22 JUILLET :

De 10h00 à midi :

10h30 Strasbourg Le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Terry Davis, salue comme une "excellente nouvelle" l'arrestation  en Serbie de l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, inculpé de génocide.

10h30 Banja Luka Le Premier ministre de la Republika Srpska (RS), Milorad Dodik, a déclaré mardi que l'arrestation de Radovan Karadzic mettait un terme à la pression internationale dont faisait l'objet cette entité serbe de Bosnie.

De 6h00 à 10h00 :

10h00 Bruxelles Le ministre serbe des Affaires étrangères, Vuk Jeremic, estime que l'arrestation de Radovan Karadzic était la preuve que "la Serbie est sérieuse concernant son avenir dans l'UE".
09h50 Moscou La question du transfert de Radovan Karadzic, au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie est une "affaire intérieure" serbe, a réagi une source au ministère russe des Affaires étrangères.

09h00 Bruxelles Le diplomate en chef de l'UE espère que le TPI de l'ex-Yougoslavie allait juger de la "pleine coopération" de Belgrade avec ses services après la capture de Radovan Karadzic et ainsi permettre le déblocage d'un accord crucial UE-Serbie.

06h00 Belgrade Un juge d'instruction met fin à l'audition préliminaire de l'ancien chef politique, Radovan Karadzic et fait un premier pas en direction de son extradition vers le Tribunal pénal international (TPI) de la Haye. "L'interrogatoire est terminé", a déclaré le juge d'instruction Milan Dilparic, qui a cependant refusé de révéler de plus amples détails sur l'interrogatoire, le qualifiant de "confidentiel".

06h00 Belgrade L'avocat de Radovan Karadzic, Svetozar Vujakic, déclare que l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie aurait déclaré durant l'entretien "avoir été arrêté vendredi dans un bus" à Belgrade et avoir été depuis "détenu dans une cellule". Il aurait qualifié la situation de "farce" et aurait utilisé son "droit à rester silencieux durant l'interrogatoire". Son avocat précise que Radovan Karadzic, a été examiné par un médecin et qu'il "était calme et posé".

De minuit à 6h00:

03h45 New York Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, salue comme "un moment historique pour les victimes" l'arrestation lundi soir en Serbie de l'ancien chef des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic. "C'est un moment historique pour les victimes, qui ont attendu 13 ans que M. Karadzic soit amené devant la justice", souligne Ban Ki-Moon.

02h30 Londres
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband salue la capture de l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, et déclare que cette arrestation va ouvrir la voie à "un meilleur avenir pour la Serbie".

02h15 Belgrade Une cinquantaine d'ultranationalistes, dont certains cagoulés, se sont rassemblés devant le bâtiment du tribunal pour les crimes de guerre pour protester contre l'arrestation de Radovan Karadzic.

02h00 Belgrade Radovan Karadzic sera entendu par un juge d'instruction à Belgrade dans la nuit, annonce un responsable du parquet pour les crimes de guerre. "Les préparatifs pour l'interrogatoire de Radovan Karadzic sont en cours et il sera entendu dans la nuit" de lundi à mardi, a déclaré le juge d'instruction Milan Dilparic à la chaîne de télévision B92.

01h55 La Haye Les Pays-Bas, qui bloquent le rapprochement de la Serbie avec l'Union européenne, saluent l'"immense pas en avant" accompli par Belgrade avec la capture de l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic.

01h15 La Haye
La visite prévue mardi 22 juillet à Belgrade du procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie Serge Brammertz est reportée, après l'arrestation de Radovan Karadzic

01h05 Washington La Maison Blanche félicite le gouvernement de Serbie pour la capture du criminel de guerre Radovan Karadzic, estimant que cette arrestation rendait "hommage" aux victimes des atrocités dans ce pays.

00h55 Paris
L'arrestation de l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie est "une nouvelle extraordinaire pour tous les amoureux de la justice", déclare le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. "Tous les amis de la justice, tous ceux qui croient qu'il y a une justice internationale, tous ceux qui croient qu'aucun génocide ne sera impuni désormais se réjouissent", a-t-il affirmé. "Voilà un évènement qui rapproche évidemment la Serbie de l'Union européenne". "C'était une des grandes conditions pour donner notre imprimatur (...), maintenant je crois qu'un obstacle supplémentaire se lève".

00h50 Sarajevo Les "Mères de Srebrenica", dont époux et fils ont été tués avec près de 8.000 hommes et garçons musulmans en 1995 par les forces serbes bosniaques, saluent l'arrestation de Radovan Karadzic. "Justice a finalement été faite. Le criminel sera finalement confronté à ses faits", a déclaré Kada Hotic, une responsable de cette association.
"Ce qui s'est passé ce soir montre qu'un criminel ne peut pas se cacher pour toujours", a-t-elle ajouté.

00h40 Paris Le Président Nicolas Sarkozy apprend avec une vive satisfaction l'arrestation de Radovan Karadzic. "Cette arrestation, longtemps attendue, manifeste clairement la volonté du nouveau gouvernement de Belgrade de rapprocher la Serbie de l'Union européenne, en contribuant à la paix et à la stabilité des Balkans", précise le communiqué de la présidence de la République.

00h25 Bruxelles
La présidence française de l'Union Européenne salue l'arrestation de l'ancien chef politique des Serbes, Radovan Karadzic, estimant que cela constituait une "étape importante" de la Serbie sur la voie de l'adhésion à l'UE.

LUNDI 21 JUILLET :

23h40 Belgrade Les services du président Serbe, Boris Tadic, déclarent dans un courrier électronique que "les services de sécurité serbes ont localisé et arrêté ce soir Radovan Karadzic". "Karadzic a été déféré à Belgrade devant le procureur du tribunal pour les crimes de guerre, conformément à l'accord signé avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI)".

23h35 La Haye Le procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, Serge Brammertz, confirme l'arrestation de Radovan Karadzic.

23h20 Belgrade Les services du président serbe Boris Tadic annonce l'arrestation de Ra dovan Karadzic, l'ancien responsable politique serbe bosniaque inculpé de génocide."

Source : Nouvel Obs.com, 22 juillet 2008.

 

 

 

 Arrestation de Radovan Karadzic

Radovan Karadzic.(Photo: AFP / archives)

 

Radovan Karadzic.
(Photo: AFP / archives)

"Radovan Karadzic, l'ancien responsable politique serbe bosniaque a été arrêté en Serbie par les services de sécurité serbes. Il est inculpé de génocide par le Tribunal pénal international qui a confirmé cette arrestation.

 

L'ancien responsable politique serbe bosniaque Radovan Karadzic a été arrêté par les services de sécurité serbes, a annoncé lundi la présidence serbe.

Le procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie Serge Brammertz a confirmé cette arrestation de Radovan Karadzic qui est inculpé de génocide et de crimes de guerre pour son action pendant le conflit en Bosnie (1992-1995). Il était en cavale depuis près de treize ans."

Source : RFI (avec AFP), 21 juillet 2008.

 

 

 

 Portrait de Radovan Karadzic

"La communauté internationale le tient pour responsable du « nettoyage ethnique » en ex-Yougoslavie.

 

 
Le couple longtemps le plus recherché par le TPI : l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, toujours en fuite (g) et Radovan Karadzic (d) photographiés ici en avril 1995.(Photo : Reuters)

Le couple longtemps le plus recherché par le TPI : l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, toujours en fuite (g) et Radovan Karadzic (d) photographiés ici en avril 1995.
(Photo : Reuters)

Inculpé de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre par le TPI de La Haye, le pire massacre en Europe depuis la 2e guerre mondiale lui est attribué, avec son acolyte militaire Ratko Mladic : l'élimination de près de 8 000 musulmans à Srebrenica (est de la Bosnie) en juillet 1995.

Il était également poursuivi pour son rôle dans le siège de Sarajevo qui a duré 43 mois et pendant lequel quelque 10 000 civils ont été tués.

Portrait d'un responsable en cavale depuis 13 ans

Grand, la chevelure grisonnante toujours en bataille, le front barré d'une mèche indomptable, Karadzic n'avait plus été vu en public depuis sa fuite en 1996. Considéré comme un monstre par les Croates et les musulmans de Bosnie, il reste pour de nombreux Serbes un héros de la guerre qui a déchiré la Bosnie de 1992-1995 après la proclamation de son indépendance.

Né le 19 juin 1945 dans le village de Petnjica au Monténégro, Karadzic a passé son enfance à Niksic, près de la frontière avec la Bosnie. Dès son plus jeune âge, il écrit des poèmes, un passe-temps qu'il conservera avec la composition de pièces de théâtre ou de musique populaire.

Son père, dont il a hérité la ferveur nationaliste, avait été emprisonné pour avoir participé au mouvement des « Tchetniks » qui avaient combattu aussi bien les nazis que les partisans communistes de Tito pendant la 2e Guerre mondiale.

Psychiatre à Sarajevo dans les années 60, Radovan Karadzic n'a commencé sa carrière politique qu'en 1990, avec pour mentor Slobodan Milosevic, l'homme fort de la Yougoslavie, mort en mars 2006 dans la prison du TPI à La Haye avant la fin de son procès.

Après la chute du mur de Berlin, le vent de transformation qui balaie l'ancienne Europe communiste, atteint à son tour la Yougoslavie qui se disloque quand chacune de ses six Républiques proclame en 1991 leur indépendance.

Comme Slobodan Milosevic, Karadzic veut alors promouvoir le rattachement à la Serbie des territoires peuplés de Serbes en Croatie et en Bosnie où les Serbes représentent environ 44 % de la population.

Secondé par le général Ratko Mladic, Karadzic « nettoie » la Bosnie de ses éléments non serbes. Plus d'un million de personnes doivent ainsi quitter leurs villages tandis que 200 000 personnes sont tuées pendant la guerre.

Avec les accords de Dayton, fin 1995, Karadzic obtient « sa » République : la Republika Srspka tandis que Croates et musulmans se partagent l'autre moitié du pays qui devient la Fédération croato-musulmane.

Mais à Dayton, Milosevic le tient à l'écart et en juillet 1996, il lui est interdit d'apparaître en public. Il entre alors dans la clandestinité où il dispose d'un puissant réseau de fidèles. Entouré de nombreux gardes du corps, il aurait également bénéficié de protection policière et aurait, selon des rumeurs, trouvé à diverses reprises refuge dans des monastères orthodoxes serbes.

Sa légende d'insaisissable n'a fait que croître au fil des opérations ratées de l'Otan pour l'arrêter alors que le département d'Etat avait promis une récompense de 5 millions de dollars pour toute information pouvant conduire à son arrestation."

Source : RFI (avec AFP), 22 juillet 2008.

 

 

 

L'inculpation de Karadzic pour crimes de guerre et génocide

"Le 25 juillet 1995, Radovan Karadzic et son bras droit le général Ratko Mladic, ex-chef militaire des Serbes de Bosnie, sont inculpés de génocide, de crime de guerre et de crime contre l’humanité, après le massacre de Srebrenica à l’est de la Bosnie où près de 8.000 hommes musulmans ont été éliminés en juillet 1995. Il s’agit du pire massacre commis en Europe depuis la Seconde guerre mondiale."

 Source : Le Point.fr, 22 juillet 2008.

 

 

 

La démission de Karadzic

"En juillet 1996, le leader des Serbes annonce sa démission de la présidence de la République serbe. La communauté internationale applaudit, pensant qu’il va pouvoir enfin être jugé par le Tribunal Pénal International. Mais Radovan Karadzic prend la fuite."

 Source : Le Point.fr, 22 juillet 2008.

 

 

 

Cavale de Karadzic et traque de l'OTAN

"La cavale de Karadzic va durer 13 ans. L’ancien chef politique des Serbes de Bosnie est traqué sans relâche par les forces de l’Otan. A plusieurs reprises, le gros poisson réussit à passer entre les mailles du filet, comme lors de cette opération d’envergure, en 2004."

 Source : Le Point.fr, 22 juillet 2008.

 

 

 

Acte d'inculpation de Karadzic (extraits)

"Le Procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par l’article 18 du Statut du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (le « Statut du Tribunal ») accuse :

Radovan KARADZIC

de GÉNOCIDE, de CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ, de VIOLATIONS DES LOIS OU COUTUMES DE LA GUERRE et d’INFRACTIONS GRAVES AUX CONVENTIONS DE GENÈVE DE 1949, comme exposé ci-après :

L’ACCUSÉ

  1. Radovan KARADZIC est né le 19 juin 1945 dans la municipalité de Savnik, actuelle République du Monténégro, République fédérale de Yougoslavie.
  2. Radovan KARADZIC est l’un des membres fondateurs du Parti démocratique serbe (SDS) créé dans la République socialiste de Bosnie-Herzégovine (la « Bosnie-Herzégovine ») le 12 juillet 1990. Radovan KARADZIC a été Président du SDS du 12 juillet 1990 jusqu’à sa démission, le 19 juillet 1996. À ce titre, il présidait entre autres les réunions du Comité central du SDS.
  3. Radovan KARADZIC est un proche de longue date de Momcilo KRAJISNIK, ancien Président de l’Assemblée du peuple serbe en Bosnie-Herzégovine (l’« Assemblée du peuple serbe ») et membre du Conseil de sécurité nationale et de la présidence élargie de ce qu’il est convenu d’appeler la République serbe de Bosnie-Herzégovine (la « République serbe »), et de Biljana PLAVSIC, ancien membre de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine, Président par intérim de la République serbe, membre de la présidence de la République serbe et vice-président de la Republika Srpska.
  4. Radovan KARADZIC est devenu Président du Conseil de sécurité nationale de la République serbe le 27 mars 1992.
  5. Radovan KARADZIC est devenu membre de la présidence à trois de la République serbe le 12 mai 1992. Le même jour, Radovan KARADZIC a été élu Président de la présidence.
  6. Radovan KARADZIC a été, avec Momcilo KRAJISNIK, Biljana PLAVSIC et d’autres membres du SDS, membre de la présidence élargie de la République serbe de début juin 1992 au 17 décembre 1992.
  7. Radovan KARADZIC a été, avec Momcilo KRAJISNIK, Biljana PLAVSIC et d'autres membres du SDS, membre du comandement suprême des forces armées de la République serbe à partir du 30 novembre 1992 ou vers cette date.
  8. Radovan KARADZIC a été le Président unique de la Republika Srpska du 17 décembre 1992 jusqu’à sa démission, le 19 juillet 1996. Dès le 20 décembre 1992, Radovan KARADZIC a, en sa qualité de commandant suprême des forces armées, présidé les réunions du commandement suprême.

CHEFS D’ACCUSATION

  1. Radovan KARADZIC, agissant seul ou de concert avec d’autres entre le 1er juillet 1991 et le 30 novembre 1995, agissant de concert notamment avec Momcilo KRAJISNIK et Biljana PLAVSIC entre le 1er juillet 1991 et le 31 décembre 1992, a participé aux crimes ci-après reprochés afin de prendre le contrôle des régions de Bosnie-Herzégovine qui avaient été déclarées partie intégrante de la République serbe. Ces régions incluent, sans s’y limiter, les municipalités suivantes : Banja Luka, Bijeljina, Bileca, Bosanska Krupa, Bosanski Novi, Bosanski Petrovac, Bosanski Samac, Bratunac, Brcko, Cajnice, Celinac, Doboj, Donji Vakuf, Foca, Gacko, Hadzici, Ilidza, Ilijas, Jajce, Kljuc, Kalinovik, Kotor Varos, Nevesinje, Novi Grad, Novo Sarajevo, Pale, Prijedor, Prnjavor, Rogatica, Rudo, Sanski Most, Sekovici, Sipovo, Sokolac, Teslic, Trnovo, Visegrad, Vlasenica, Vogosca, Zavidovici et Zvornik. 

  2. En vue de réaliser cet objectif, les dirigeants serbes de Bosnie, parmi lesquels Radovan KARADZIC ainsi que, durant la période couverte par l’acte d’accusation, Momcilo KRAJISNIK, Biljana PLAVSIC et d’autres, ont établi et mis en œuvre un plan d’action qui prévoyait la création de conditions de vie impossibles, se traduisant par des persécutions et des tactiques de terreur destinées à pousser les non-Serbes à quitter ces régions, l’expulsion des personnes peu disposées à partir et l’élimination des autres. 

  3. Les forces serbes de Bosnie, parmi lesquelles des unités militaires, paramilitaires, des unités de défense territoriale et de police (les « forces serbes de Bosnie »), le SDS et les autorités civiles, sous la direction et le commandement de Radovan KARADZIC et, durant la période couverte par l’acte d’accusation, de Momcilo KRAJISNIK, Biljana PLAVSIC et d’autres, se sont livrés à une série d’actions pour réduire fortement le nombre de Musulmans de Bosnie, Croates de Bosnie et autres non-Serbes de ces municipalités. 

  4. De fin mars au 31 décembre 1992, les forces serbes de Bosnie ont pris le contrôle des municipalités énumérées au paragraphe 9, souvent au prix de violentes attaques. Ces attaques et prises de pouvoir se sont déroulées de manière coordonnée et planifiée. L’organisation et la direction des prises de pouvoir survenues entre fin mars et le 31 décembre 1992, et les persécutions et les expulsions auxquelles il a été procédé sans discontinuer jusqu’au 30 novembre 1995, en particulier hors des municipalités de Bijeljina, Banja Luka et de ce qu’il est convenu d’appeler la « zone de sécurité » de Srebrenica (« l’enclave de Srebrenica ») et ses environs, sont l’œuvre du SDS, des dirigeants politiques et militaires et des instances dirigeantes des municipalités serbes, parmi lesquelles les cellules de crise, les présidences de guerre et les commissions de guerre. 

  5. Entre le 1er avril 1992 et le 30 novembre 1995, les forces serbes de Bosnie ont aussi mené une attaque contre Sarajevo qui a duré 44 mois, et qui a semé la terreur parmi les habitants de Sarajevo. 

  6. Entre le 11 et le 18 juillet 1995, les forces serbes de Bosnie ont tué des milliers d’hommes musulmans de Bosnie qui avaient été faits prisonniers en différents endroits de l’enclave de Srebrenica et alentour. 

  7. Au 30 novembre 1995, ce plan d’action avait causé le décès ou le départ forcé d’une fraction importante des Musulmans de Bosnie, des Croates de Bosnie et des autres groupes non serbes des municipalités énumérées au paragraphe 9 et de l’enclave de Srebrenica et alentour."

Source : TPI (Tribunal pénal international), Affaire N° IT-95-05/18, Acte d'accusation modifié contre Radovan Karadzic, 28 avril 2000, La Haye.
Retrouvez l'acte d'inculpation dans sa totalité sur le site des Nations Unies.

 

 

 

Karadzic vu par Jovan Divjak

Note de l'éditeur : "J'ai défendu Sarajevo contre tous les nationalistes, parce que j'ai cette ville dans la peau." Ainsi parle Jovan Divjak, 67 ans. Né à Belgrade de parents serbes mais bosnien dans l'âme, cet officier a refusé de se ranger aux côtés des Milosevic, Karadzic et autres Mladic, au moment où ils précipitaient la bosnie-Herzégovine dans la guerre. Ancien membre de la garde de Tito, pour lequel il garde une admiration indéfectible, vieil ami de la France, doté d'un humour aussi solide que son bon sens, Jovan Divjak revient sur le parcours qui l'a amené à dire non à la folie meurtrière... Il parle avec passion de la ville où il habite depuis 1966. Il raconte l'incroyable résistance de Sarajevo, les artistes jouant sous les bombes, les tribulations de l'armée de Bosnie... Il ne cache ni ses impatiences ni ses doutes : la paix n'est pas celle dont il a rêvé.
Jovan Divjak était colonel de l'armée populaire yougoslave en 1992 lorsque la guerre a éclaté en Bosnie-Herzégovine. Refusant d'écouter les sirènes nationalistes, il a défendu l'idée d'une république multiethnique. Il est devenu le numéro deux de l'armée de Bosnie-Herzégovine, avant d'être nommé général par le président Izetbegovic. Il dirige aujourd'hui l'association "L'éducation construit la Bosnie-Herzégovine" destinée aux enfants orphelins de la guerre, et qu'il a fondée en 1994.

"- Vous ne manquiez aucune des manifestations culturelles de Sarajevo. Y aviez-vous croisé Radovan Karadzic avant la guerre ? Parallèlement à sa carrière de psychiatre, il se piquait de poésie...
- Non, je ne l'ai rencontré ni dans les cercles politiques avec lesquels j'avais de toute façon peu de contacts, ni dans les manifestations artistiques. Pourtant j'étais un spectateur assidu du théâtre et du cinéma, mais on n'y voyait guère de gens comme lui. Je ne suis jamais allé dans ces réunions qu'il fréquentait, où les écrivains se réunissent pour picoler. Les Sarajéviens de mon entourage se moquaient de sa poésie. Il a écrit des vers extrêmement morbides, annonçant la tuerie et le sang. Pendant la guerre, un universitaire sarajévien, le professeur Saltaga, a publié une étude fouillée de ces poèmes, qui révélaient, selon lui, un psychisme destructeur. Ne l'ayant jamais rencontré, je serais incapable de dire si Karadzic est vraiment fou. D'après certains, c'étaient un bon psychiatre mais, selon d'autres, c'est un malade.

- Dans votre journal, vous écrivez cette phrase qui est un vrai cri de douleur : "cette ville que j'aime est attaquée par un type qui n'est même pas de Sarajevo, un plouc descendu de sa montagne..."
- Je n'ai jamais pu comprendre ce qu'il a fait, ni accepter l'inacceptable. Comment peut-on bombarder une maternité ? Certes "mes" soldats ont fait des bêtises. Il leur est arrivé, par exemple, de se poster dans le centre-ville pour tirer vers le mont Trebevic, où était installé l'ennemi. Après quoi ils décampaient, mais une pluie d'obus tombaient de la montagne. Un jour, de leur propre initiative, ils sont entrés dans la cour de l'hôpital de Kosevo, pour mieux mitrailler les positions serbes. La réponse n'a pas traîné ; l'artillerie serbe a répliqué sur l'hôpital. Nos soldats se sont parfois comportés comme des idiots, mais les forces serbes ont, elles, délibérément visé des lieux publics pleins de civils innocents. Ordonner de tirer sur des écoles, des hôpitaux, sur une bibliothèque, relève d'un comportement bestial, c'est aller jusqu'au bout de l'inhumanité. Voilà la cause de ma colère contre Karadzic. C'est effectivement un plouc, un montagnard venu du Monténégro qui a étudié la médecine et fait une belle carrière ici. Sarajevo lui a tout donné et voilà comment il a remercié cette ville magnifique : en la détruisant et en massacrant ses habitants.

-On dit qu'il a fait de la prison dans les années 80 ?
- Oui, il a été jugé pour crimes économiques. Des affaires immobilières assez louches, des histoires de crédits et de montages financiers douteux. Il avait, dans le centre-ville, une villa qu'il aurait lui-même ordonné de bombarder avant de s'installer à Pale, une petite station de montagne au-dessus de Sarajevo. Et il a proclamé Pale "capitale" de la Republika Srpska.

- Pourquoi Radovan Karadzic est-il devenu le leader politique des Serbes de Bosnie ? Comment les a-t-il séduits, voire fascinés ? Y a-t-il quelque chose d'exceptionnel, de charismatique chez lui ?
- C'est une question très difficile, et à mes yeux, cela reste un mystère. Il n'a jamais eu aucun ascendant sur moi, d'autant que ses prises de position n'avaient aucun rapport avec la réalité. Dans ses premiers discours en public, en 1990 et 1991, il a parlé de la souffrance des Serbes en Bosnie-Herzégovine. Il disait qu'ils étaient sous-représentés dans la fonction publique, dans l'dministration ou à la télévision. Selon lui, on les tenait pour portion négligeable et ils étaient victimes de discriminations ; il y avait toujours eu des conflits avec les musulmans et les Serbes ne pourraient jamais cohabiter en paix avec eux. Or mon expérience quotidienne me prouvait le contraire ! A Sarajevo, la police comptait plus de Serbes que de Musulmans, en proportion de leurs populations respectives. Les directeurs des grandes entreprises et des administrations étaient majoritairement des Serbes. Même chose pour les directeurs d'école et d'université. Karadzic parlait de discrimination culturelle et linguistique, alors qu'à l'époque, Oslobodjenje, le principal quotidien, imprimait une page sur deux en cyrillique et l'autre en caractères latins. A la télévision, les films étrangers en version originale étaient sous-titrés dans les deux alphabets. Karadzic maintenait que les Serbes souffraient alors que moi et les miens habitions un quartier musulman où nous étions en parfaite harmonie avec nos voisins. Tous ses propos n'étaient que mensonges.

- Avait-il des talents d'orateur ? Qui sont ceux qui ont pu croire à ses discours ?
- Karadzic a une forte personnalité, et une présence indéniable. Avec sa rhétorique sur la souffrance, je crois qu'il a séduit les Serbes des régions rurales qui n'ont pas beaucoup évolué ces quarante dernières années et sont restés relativement imperméables aux idées modernes de la deuxième moitié du XXe siècle. Jovan Raskovic, autre psychiatre qui avait pris la tête des nationalistes serbes en Croatie, avait utilisé le même style de discours. Ce thème de la souffrance, que Karadzic a remué comme un fer dans la plaie, a sans doute réveillé de vieilles angoisses liées à la Seconde Guerre mondiale. Or cette époque reste traumatisante pour les Serbes, victimes de massacres commis par les oustachis alliés à Hitler. Ceux qui sont restés figés dans cette mémoire douloureuse ont peut-être eu peur que l'histoire ne se rejoue. Et Karadzic a su les manipuler en attisant les craintes.

- Le fait que Radovan Karadzic et Ratko Mladic soient toujours en liberté [entretien datant de 2004] aujourd'hui vous met-il en rage ? Pensez-vous qu'ils seront jugés un jour ?
- La Bosnie ne connaîtra pas de stabilité définitive s'ils ne vont pas à La Haye. Certes, Biljana Plavsic, alliée de Karadzic, a avoué sa responsabilité et a été condamnée à onze ans de prison au terme de son procès devant le Tribunal pénal international, et les Serbes savent maintenant qu'un crime a été commis contre le peuple bosniaque. Mais cela ne suffit pas : tant que Karadzic et Mladic sont en liberté, ils restent des héros.
Pourquoi n'ont-ils pas encore été arrêtés ? Parce que la communauté internationale fait pression sur les autorités de Belgrade et de Banja Luka pour qu'elles les livrent elles-mêmes à la justice internationale. Supposons que ce soit la SFOR, la force de stabilisation conduite par l'OTAN, qui les capture... Les nationalistes de la Republika Srprska construiraient alors des centaines de monuments, érigeraient des centaines de petites églises où ils prieraient pour l'âme de Karadzic. Ils en feraient un saint !
La SFOR a tenté de larrêter à plusieurs reprises. A un moment, les Américains ont voulu monté l'opération tout seuls. [...] Je suis sûr que des actions de ce genre renforcent encore la popularité de l'ancien leader de Pale auprès des nationalistes. Car le fait qu'il ait réussi à s'enfuir et à échappe au piège est largement repris par la presse ; il apparaît comme un héros intouchable et tout-puissant.
En attendant, la situation n'est pas saine, car l'influence de Karadzic est toujours perceptible en Republika Srpska. Les criminels qui ont travaillé avec lui sont toujours en liberté. Mais le jour où leur maître sera sous les verrous, ils s'enfuiront à l'étranger et tout ce réseau s'effondrera*.

- Un procès de Karadzic et Mladic à La Haye relancerait-il leur popularité en les faisant apparaître comme des martyrs ? Les audiences télévisées du procès de Milosevic l'ont rendu à nouveau populaire à Belgrade. Cela pourrait-il se produire en Republika Srpska ?
- Je ne sais pas pourquoi vous pensez que la popularité de Milosevic a monté à Belgrade. Après le début du procès, qui a peut-être attiré beaucoup de téléspectateurs, l'intérêt a faibli et le taux d'audience de ces retransmissions en Serbie est en dessous du minimum. Donc les Serbes ne se passionnent plus pour son cas. Je suis sûr que Karadzic et Mladic se retrouveront un jour à La Haye et que cela apportera plus de paix à la Bosnie."


* Note de Florence La Bruyère : En septembre 2003, les autorités de la Republika Srpska ont pour la première fois tenté, sans succès, d'arrêter elles-mêmes Radovan Karadzic.

 

Source : DIVJAK Jovan, Sarajevo, mon amour, Entretiens avec Florence La Bruyère, éditions Buchet Chastel, Paris, 2004, pp. 210-213.

 

 

 

L'arrestation de Radovan Karadzic : la joie de Sarajevo irrite les Serbes de Bosnie

"Si l’ambiance est à la fête à Sarajevo, après l’arrestation de Radovan Karadžić, l’atmosphère est en revanche beaucoup plus tendue en Republika Srpska. Le Parlement de l’entité a suspendu sa session pour protester contre « l’orgie politique des politiciens de la Fédération » et contre des déclarations qui selon eux mettraient en danger l’existence de la Republika Srpska. Réactions.

Le Parlement de Republika Srpska, dominé par les Serbes de Bosnie, a suspendu sa session après avoir condamné les politiciens de Sarajevo qui célébraient l’arrestation de Radovan Karadžić.

Après que le Parlement a cessé toutes ses activités, Mladen Bosić, le chef du Parti démocrate serbe, dirigé pendant la guerre par l’ancien Président serbe de Bosnie Radovan Karadžić lui-même, a tenu une conférence de presse. Il a expliqué que son parti n’accepterait pas de poursuivre les travaux parlementaires « après l’orgie politique des politiciens de Fédération [l’autre entité de la Bosnie] qui a succédé à l’arrestation de Radovan Karadžić ».

Mladen Bosić a déclaré que les nouvelles en provenance de Sarajevo et de telles réactions politiques montraient « que le procès de Radovan Karadžić ne sera pas seulement son procès, mais celui de toute la Republika Srpska ».

« Les dirigeants de la Fédération veulent davantage qu’un procès. Ils s’attendent à proclamer leur victoire 13 ans après la fin de la guerre », a dit Mladen Bosić.

Il a exigé que le Parlement de Republika Srpska prenne position sur la « crise qui se déroule actuellement en Bosnie ».

Mladen Bosić parlait des célébrations de la veille à Sarajevo, ainsi que des commentaires d’Haris Silajdžić, le membre bosniaque de la Présidence tripartite de la Bosnie-Herzégovine. Celui-ci a indiqué que « le projet de ces deux personnes », c’est-à-dire Radovan Karadžić et son commandant militaire de l’époque, Ratko Mladić, ne devrait pas continuer à exister.

Ces paroles ont été interprétées par Mladen Bosić comme une menace contre l’existence même de la Republika Srpska, créée en tant que patrie des Serbes de Bosnie pendant la guerre.

Après l’arrêt des travaux parlementaires, le Premier ministre de la Republika Srpska, Milorad Dodik, a annoncé la tenue d’une conférence de presse à Banja Luka, dans la journée du 22 juillet."

Source : Le Courrier des Balkans, traduction par Stéphane Surprenant d'un article paru dans Balkan Investigative Reporting Network (BIRN), 22 juillet 2008.

 

 

Scène de joie à Sarajevo 

Source : Russia Today, 21 juillet 2008.

 

 

Joie des uns, peine des autres

"Les musulmans de Bosnie font la fête après l'annonce de la capture du génocidaire."

Les musulmans de Bosnie font la fête après l'annonce de la capture du génocidaire. (Sipa)

 

"A l'inverse, des supporteurs de Radovan Karadzic tentent de gâcher la fête des musulmans, mais la police s'interpose."

A l'inverse, des supporteurs de Radovan Karadzic tentent de gâcher la fête des musulmans, mais la police s'interpose. (Sipa)

Source : Nouvel Obs.com, 27 juillet 2008.

 

 

 

Manifestations de soutien de Serbes de Bosnie

"Les manifestants ont allumé des bougies à la suite de marches pacifiques organisées par le Parti démocratique de Serbie (SDS), fondé par Radovan Karadjic. 

Des Serbes de Bosnie allument des bougies en soutien à Radovan Karadzic (AP)

Des Serbes de Bosnie allument des bougies en soutien à Radovan Karadzic (AP)

Des manifestations d'une heure dans plusieurs villes de l'entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska (RS) ont rassemblé, samedi 26 juillet, plusieurs milliers de Serbes de Bosnie venus marquer leur soutien à leur ancien chef, Radovan Karadzic.
Les manifestants ont allumé des bougies à la suite de marches pacifiques organisées par le Parti démocratique de Serbie (SDS), fondé par Radovan Karadzic.
Quelque 2.000 personnes se sont rassemblées à Pale, près de Sarajevo, bastion de Karadzic pendant la guerre de Bosnie qui a ravagé cette ex-république yougoslave de 1992 à 1995, menées par l'actuel chef du SDS, Mladen Bosic.
Les manifestants portaient des photos de Karadzic et des banderoles le qualifiant de "héros serbe". Certains d'entre eux étaient vêtus de tee-shirts ornés de photos de Karadzic et de l'ancien chef militaire Ratko Mladic.


Honte pour Boris Tadic

Mladen Bosic a déclaré qu'il s'attendait à "une active participation des institutions de la RS dans la mesure où le procès de Karadzic sera sûrement aussi celui de la RS, ce que les hommes politiques à Sarajevo ont déjà annoncé".

Le chef du SDS a rendu visite cette semaine en prison à Karadzic, arrêté lundi soir à Belgrade.
"Il m'a dit que quand ils savaient qui il était, ils ne savaient pas où il était, et quand ils savaient où il était, ils ne savaient pas qui il était", a-t-il raconté.
"Le but de cette manifestation est d'apporter notre soutien à Karadzic qui a sauvé les Serbes dans cette région", a déclaré à l'AFP Sveto Lucic, 76 ans, un des fondateurs du SDS.
"C'est une honte pour (le président serbe Boris) Tadic et pour son gouvernement d'avoir arrêté le plus grand héros de la Serbie dès leur prise de fonction", a-t-il ajouté.
Environ un millier de personnes ont également défilé dans les rues de Banja Luka, capitale des Serbes bosniaques.

"Nous voulons défendre la vérité"

Samedi matin, le responsable d'une association d'anciens prisonniers de guerre serbes a annoncé que ses membres étaient prêts à témoigner en faveur de Karadzic.
"Nous voulons défendre la vérité, tout en reconnaissant que les Serbes musulmans et les Croates ont aussi souffert pendant la guerre", a dit Slavko Jovicic, également député au parlement bosniaque.
Karadzic était réclamé par le TPI en particulier pour avoir été, avec le général Ratko Mladic, alors chef militaire des Serbes de Bosnie, l'instigateur du génocide de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie, où près de 8.000 hommes et adolescents musulmans ont été tués en juillet 1995, le pire massacre en Europe depuis la Seconde guerre mondiale.

Depuis la fin de la guerre, la Bosnie est formée de la RS et de la Fédération croato-musulmane, entités unies par de faibles institutions centrales."

 

Source : Nouvel Obs.com, 27 juillet 2008. 

 

 

 

Arrestation de Karadzic : la grande habilité serbe

"Ainsi donc, Radovan Karadzic a été arrêté hier soir vers 23 h. [...]

Je dois dire que je n'aurais pas reconnu l'homme à la barbe blanche que l'on voit ci-contre.


Mais visiblement, tout le monde savait (voir ici ce témoignage britannique).


Une fois qu'on a dit ça, qu'ajouter ?


1/ Que le nouveau gouvernement de M. Tadic a été installé il y a moins de quinze jours, et que le chef de la police secrète serbe est arrivé il y a quatre jours. Bref, le gouvernement précédent savait, et avait choisi la décision politique de ne pas lâcher le leader serbe. Le nouveau gouvernement arrive, et prend la décision politique d'arrêter R. Karadjic.

S'agissant de Ratko Mladic, je ne sais s'il sera livré. Peut-être Belgrade le gardera-t-il en réserve (Mladic est bien plus populaire que Karadjic). Aux cartes, il ne faut pas abattre toutes ses cartes d'un coup. Et vous le savez, la géopolitique est une affaire de cartes (;-)

2/ Est-ce une surprise ? non.
L'UE avait tout fait avant les élections pour favoriser le camp pro-européen, jusqu'à ouvrir des négociations sur l'accord d'association et de stabilisation le 29 avril, mais non valable "avant plusieurs mois" (voir
ici). En clair, c'était le résultat d'une négociation paralèlle. Cela avait paru alors un pari osé. Mais réussi, puisque les pro-européens avaient gagné les législatives à la surprise générale (voir mon
 billet). La deuxième surprise avait été l'alliance avec le SPS qui a/ avait obtenu 8% des suffrages b/ avait noué un accord avec le pari de Tadic. Rappelons que le SPS était le parti de Milosevic.
L'Europe aurait donc tout lieu de se satisfaire de cette décision.

3/ Pourtant, il ne faut pas s'y tromper : le renvoi d'ascenseur de Tadic ne signifie pas un abandon de sa position sur le Kossovo. En clair, il va démontrer que l'on peut être pro-européen et anti indépendantiste du Kossovo (comme l'Espagne, la Grèce, etc). Cela va permettre de conserver les excellentes relations avec la Russie. Il ne faut pas attendre d'évolutions nettes sur ce dossier, même si Belgrade reste très prudente avec le "parlement du Nord Kossovo" qui vient d'être autoproclamé par les Serbes au nord de l'Ibar. Les Serbes de Bosnie vont être exaspérés, mais il est loin d'être dit que cela aura des conséquences politiques à court terme. La Republika Srpska est intimement liée au sort qui attend le Kossovo.

4/ La Serbie invente donc une nouvelle voie balkanique, très habile : pro-européenne, pro-russe, et sans transiger sur le fond au Kossovo. Or, je ne suis pas sûr que c'est ce qu'espéraient les plus ardents des Européens. Ils auraient voulu plus, notamment du côté de Pristina. C'est méconnaître la puissance du lien affectif liant la Serbie au Kossovo (peu importe que ce lien soit fondé ou non : l'important, pour l'analyste, est qu'il produit des effets aujourd'hui).

On n'a pas fini de parler de tout ça.
"

Source : Olivier Kempf, Etudes géopolitiques européennes et atlantiques, 22 juillet 2008 (voir ce blog dans la page "LIENS").

 

 

 

 

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